La famille Le Clerc de Juigné

blason_famille_leclerc_de_juigneEn 1436, le mariage de Jehan Leclerc de Juigné avec Anne de Meslay unique héritière de Seguin de Meslay fit passer Verdelles dans la famille Le Clerc de Juigné.

Cette famille va en conserver la propriété jusqu’en 1792.

C’est elle qui aménage Verdelles tel que nous le connaissons aujourd’hui. Mais les Leclerc de Juigné n’y habiteront qu’au cours du XVIe siècle et une partie du XVIIe siècle. En effet, après avoir hésité entre Verdelles, Juigné et Vrigné, à la fin du XVIIe siècle la famille se fixe définitivement à Juigné.

À partir du XVIIe siècle, le nom de sire de Verdelles est donné à quelques cadets de famille.

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Verdelles, demeure noble des seigneurs de Juigné

Jehan Leclerc de Juigné

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Extrait de l’aveu de Jehan Leclerc de Juigné à Champagne, 1446, cote 1 E 832, Archives départementales de la Sarthe

Jehan Le Clerc de Juigné vécut les dernières batailles de la Guerre de Cent ans et la reconstruction qui suivit. Ecuyer, seigneur de Juigné, il fit partie de la garnison de Sablé, lors de la guerre de Cent ans. En 1440, il est du nombre des gentilshommes français qui battirent les anglais à Saint-Denis-d’Anjou.

Le 24 avril 1436 à Angers, il épousa en première noce Anne de Meslay héritière de Verdelles. Au moins six enfants naquirent de cette union dont l’ainé Colas. En seconde noce, Jehan Leclerc épousa Marguerite d’Aulnières qui lui donna trois enfants.

Jehan de Juigné n’est pas seigneur de Verdelles, mais il gère la seigneurie au nom de sa femme, puis au nom de son fils mineur Colas.

Outre ses exploits guerriers, Jehan Le Clerc est connu pour ses actions  de reconquête des droits seigneuriaux, ce qui provoqua de nombreux procès.

Colas Leclerc de Juigné

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Extrait d’aveu de Colas Leclerc de Juigné, à Hardouin de Maillé seigneur de  Champagne, 1474, cote 1 E 832, Archives départementales de la Sarthe

Colas Le Clerc de Juigné est le constructeur du château de Verdelles actuel.

Fils de Jehan Le Clerc de Juigné et d’Anne de Meslay, Colas devient seigneur de Verdelles à la mort de sa mère.


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On connaît peu de chose de ce personnage, sinon qu’il continua l’œuvre de son père. Sa vie est néanmoins marquée par des coups de force retentissants qui donnèrent lieu à des procès :

- En 1490, il est assigné en procès par son suzerain pour la construction d’un « castel » à Verdelles, ce qu’il ne pouvait, n’étant pas seigneur châtelain

- En 1500, contestant le droit de sépulture des seigneurs de Poillé, il attaque avec ses hommes, le cortège funèbre de la dame de Varennes, empêchant son inhumation dans l’église de Poillé.

Il épousa en 1490 Louise de Hauteville, veuve d’Ambroise Cornilleau, seigneur du Fay.

Il meurt vers 1507 laissant deux fils mineurs.

René Leclerc de Juignéchateau_verdelles

Enfant à la mort de son père Colas, ses deux oncles François Le Clerc et Mathurin du Fay seigneur de Chassillé furent nommés vers 1508 afin d’assurer la curatelle. Ce sont eux qui au nom des héritiers mineurs de Colas Leclerc firent en 1509 l’hommage du fief de Verdelles à la baronnie de Champagne.

En 1518, devenu majeur, c’est lui qui fait aveux au seigneur de Champagne.

Il épouse le 13 mars 1522 Renée de Champagne, âgée de 12 ans, fille du seigneur de Pescheseul à Avoise. Six enfants naquirent.

René de Juigné se conduit plutôt comme un gestionnaire cherchant à préserver ses droits. Ainsi en 1529, il signa une transaction entre le seigneur de Champagne et les habitants de Poillé afin de coordonner la gestion et l’exploitation du bois de Beletain qui commence à disparaître.

En 1533, il fait de nouveau aveu pour Verdelles, il s’y adjuge pour la première fois le titre de seigneur de Poillé.

En 1540, il fait la déclaration spéciale pour Verdelles relative à la réorganisation de l’arrière-ban. Un an plus tard, devant les assises du Maine, il revendique son droit de maison forte : il avoue être sujet du comte du Maine en « raison de son châtel et maison forte à pont levé qu’il a droit d’avoir au dit lieu de Verdelles, et à cause du droit d’y avoir le dit château et maison forte, qui autreffoys a été permys estre faict par MMrs de ce comté prédécesseurs de Monseigneur, de présent par don et octroy… »

Il meurt le 15 juin 1567. Son fils ainé Jean, seigneur de Verdelles, étant décédé peu avant lui, la succession passa aux petits enfants de René, mineurs en 1567 : René, Urbain, Jacquine et Christophe.

René II, Leclerc de Juigné (… – 1627)

Petit-fils de René Le Clerc et fils de Jean Le Clerc, mort avant son père, et de Madeleine Affagart.ACH_2792

Enfant durant les guerres de la ligue, son oncle Nicolas Le Clerc, l’envoya avec ses frères et sœurs à Verdelles pour être protégés des huguenots. Des travaux de consolidation des fortifications et d’aménagements du château furent effectués à cette occasion.

Il sort de la tutelle de son oncle en 1579 par sentence du siège présidial du Mans. Cette même année, à l’occasion d’une contestation dans le cadre de la nomination du sacristain de l’église de Poillé, il déclare être « présant et demeurant au château et manoir seigneurial du dit Verdelles, paroisses de Poillé ».

Devenu protestant, René Le Clerc de Juigné se mit au service d’Henri de Navarre qu’il suivit dans ses campagnes. Il épousa à Blois, Marie Compain, fille du chancelier du roi de Navarre, le 29 août 1593.

Le roi Henri IV le récompensa de ses services en le faisant, le 26 février 1595, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi.

En 1596, le frère cadet du seigneur de Juigné, Georges de Juigné accompagné d’amis, partirent  de Verdelles pour faire le siège de Varennes l’Enfant, afin d’y brûler et voler les archives. Le Parlement de Paris condamna le « seigneur de Verdelles et ses complices ».

Le 7 mai 1601, René de Juigné « seigneur de Juigné et Verdelles, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy, demeurant en la maison seigneuriale de Verdelles » acquit la châtellenie de Champagne-Hommet pour 18 000 livres tournois. Le nouveau baron de Champagne voulut désenclaver sa châtellenie en quémandant au roi Henri IV, en 1604, un marché le mardi et 4 foires l’an pour son bourg de Poillé. L’entreprise échoua.

La châtellenie fut érigée en octobre 1615 par Louis XIII en baronnie en récompense de ses services. A partir de ce moment, là Verdelles fut peu à peu délaissée pour Juigné où René de Juigné entreprit des travaux.

René Le Clerc de Juigné décède le 1er juillet 1627.

L’abandon progressif de Verdelles

Georges Leclerc de Juigné,

Il épouse Elisabeth des Nouhes le 12 septembre 1633.

En 1639, le siège de la Châtellenie fut transféré de Denneray à Juigné.

Mai 1639, le baron de Juigné transporta sur le fief de Champagne le droit de nommer les officiers de justice de cette seigneurie.

En 1644, il se qualifie de « chevalier des ordres du roi ».

Les foires désirées par René de Juigné furent installées à Juigné en 1647

Georges de Juigné devint le premier baron de Juigné par des lettres patentes du roi de mai 1647, qui incorpore sa seigneurie de Juigné à la baronnie de Champagne.

Il délaisse Verdelles. En effet, entre 1650 et 1652 il se rend propriétaire de Vrigné, en exerçant un droit de retrait féodal auprès des héritiers de Vrigné. Ce lieu devint sa résidence principale.

Jacques et Samuel Leclerc de Juigné

En 1659, Jacques de Juigné seigneur et baron de Champagne épouse en première noce à Verdelles Juliette de Machecoul. C’est dans ce château que naît leur fils aîné Samuel en 1664. C’est le dernier Leclerc de Juigné à voir le jour à Verdelles.

En 1662, Jacques Le Clerc de Juigné à qui son père a abandonné ses biens déclare habiter « paroisse de Juigné ».En 1680, Verdelles est définitivement abandonné au profit château de Juigné.

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Cloison du 18e siècle.

La seigneurie de Verdelles est confiée, par Monsieur de Juigné ou son fils, à des fermiers par des baux de 7 ans. Ces fermiers n’habitent pas le lieu, mais le bourg de Juigné ou d’Asnières, même s’ils en ont la possibilité donnée par les baux. Ils « sous-louent » par bail, chaque exploitation de la seigneurie. C’est le cas du lieu de Verdelles qui est confié aux métayers qui y habitent et exploitent le site. Ils ont l’obligation d’entretenir les pré (faucher, faner), les terres labourables (labourer, ensemencer, récolter), tailler les  haies…

Jacques de Juigné abjure avec son fils Samuel leur foi protestante le 22 juin 1685, après la révocation de l’édit de Nantes. En 1687, il reçut 1000 livres de pension en récompense. Une pension semblable est donnée à Catherine Martel (troisième épouse du seigneur de Juigné) lorsqu’elle abjura en 1686. Deux des frères dont Benjamin de Verdelles sont forcés à l’exil, alors qu’un autre mourra en prison pour avoir refusé d’abjurer. Les abjurations semblent forcées : en 1693, Samuel Leclerc de Juigné épouse sa cousine germaine Louise-Henriette de Crux, revenu quelques temps auparavant d’Angleterre. En 1699, madame de Juigné et sa mère signalées comme mauvaise catholique furent emprisonnées. En 1700, Samuel de Juigné pu ramener chez lui son épouse.

Jacques Le Clerc de Juigné est inhumé le 24 mai 1696 dans le chœur de l’église de Juigné. Son fils Samuel sera lui inhumé au même endroit le 22 décembre 1716.

Plan des Landes d’Asnières, 18e siècle, Médiathèque Louis Aragon, Le Mans

Plan des Landes d’Asnières, 18e siècle, Médiathèque Louis Aragon, Le Mans

Samuel-Jacques Leclerc de Juigné

Fils de Samuel Leclerc de Juigné et de Louise-Henriette de Crux, il est né et baptisé à Juigné le 22 décembre 1694. Colonel lieutenant au régiment d’Orléans infanterie, il meurt le 19 septembre 1734 à la bataille de Guastalla,

Il avait épousé quelques années plus tôt, le 27 juin 1725, Marie Gabrielle Le Cirier de Neuchelles. Celle-ci est, semble-t-il, revenue passer quelques séjours à Verdelles. En 1665, après sa mort, un bail évoque sa chambre au rez-de-chaussée à Verdelles sous le nom de « chambre de feu madame la marquise de Juigné ».

Jacques Gabriel Louis Leclerc de Juigné (1727-1807)

Elément de décor (blason ?) martelé à la Révolution Française.

Enfant à la mort de son père, Jacques Gabriel Louis Leclerc de Juigné est le dernier possesseur noble du château de Verdelles, qu’il n’a d’ailleurs jamais habité.

Il fit une brillante carrière militaire, notamment dans le régiment de Blésois puis de Champagne. Il participa aux guerres de successions d’Autriche (1740-1747) puis à la guerre de sept ans (1756-1763).

En 1770 il reçoit les honneurs de la Cour, et commence une carrière diplomatique comme ministre plénipotentiaire de la France en Russie.

En 1789, il est élu député de la noblesse aux États Généraux. Il émigre dès 1791, tout comme ses fils, et s’engagea dans l’armée des Princes. En représailles ses biens dont Verdelles furent confisqués et vendus comme biens nationaux en 1792.

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